PROJET IPAF-FIDA du FIMI
ORGANISATION
Agrupación Mapuche Cayún
PARTICIPANTS DIRECTS
75
PARTICIPANTS INDIRECTS
15

Renforcement de la production locale et conservation des connaissances liées à l’agriculture, à la production et à la préparation des aliments à partir de l’identité territoriale Mapuche Wijiche. Construction de serres et de poulaillers pour augmenter et diversifier la production maraîchère et l’aviculture. Avec la participation de 21 familles, l’école communautaire sert de site de démonstration pour la production agroécologique, le renforcement de l’identité culturelle et la revalorisation des savoirs. Les stratégies seront orientées vers la planification, la tenue d’ateliers, le suivi et les évaluations des terrains, le tout pour favoriser la participation des résidents aux processus de prise de décision groupale.

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Lof Cayún / Neuquén / Argentine
LANGUE
Mapuzungun
POPULATION
85
ALTITUDE
Plus de 1 000 m
SUPERFICIE
1 393 ha
COORDENADAS
17,113
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Le lof (communauté) Cayún est situé à l’extrémité nord-ouest du bassin du lac Lácar, à proximité de Paraje de Trompul, au cœur de la forêt patagonienne andine du parc national Lanín. La communauté est située à 13 kilomètres de la ville de San Martín de los Andes dans la province de Neuquén, en Argentine. Avec une température annuelle moyenne de 9,8 degrés Celsius, les hivers ne manquent jamais de neige et il n’y a pas de périodes sans gel.

Le refuge de la terre
Lof Cayún / Neuquén / Argentine
PHOTOGRAPHIES Luján Agusti
textE Jorge Varela

Il y a environ 130 ans, le lof (communauté) Mapuche Cayún a pris refuge dans la province de Neuquén, à la frontière entre l’Argentine et le Chili. Comme ce fut le cas pour des centaines d’autres Peuples autochtones, la communauté a été dépossédée de ses terres à la suite d’une opération militaire de l’État argentin, connue sous le nom de « Conquête du désert ». Piedra de Trompul, un hameau entouré de forêts publiques dans le bassin du lac Lácar, est depuis devenu son nouveau territoire. Aujourd’hui, de 80 à 90 personnes survivent dans ce lieu perché à plus de 1 000 mètres d’altitude, où le gel et les chutes de neige en hiver menacent constamment de détruire les récoltes et de forcer les gens à rester isolés pendant des semaines.

Comme l’explique Lucía Elba Álvarez Paicura, infirmière à la retraite et membre du conseil de direction du lof, la vie des Mapuches Cayún est ardue. La majorité des membres de la communauté se consacre à l’élevage, à l’entretien des potagers et à la coupe et à la vente du bois qui abonde dans leur environnement. D’autres encore cherchent du travail dans le domaine de la construction ou des soins infirmiers à l’extérieur de la ville. Mais l’argent se fait rare et doit de plus en plus être dépensé sur le marché pour acheter des produits de base comme les légumes. Les personnes qui vivent dans les zones les plus élevées n’ont pas d’électricité et peinent à conserver leurs aliments.

Les conditions climatiques et économiques ont mené à des problèmes de nutrition. Lucia s’inquiète des taux élevés de diabète au sein de la communauté. Elle est convaincue de l’importance d’adopter des pratiques plus durables pour améliorer la santé et l’économie de la population.

Près de deux millions de Mapuches vivent aujourd’hui en Argentine et dans le centre-sud du Chili.

Le projet cherche à diversifier et enrichir l’alimentation de la communauté, en commençant par la construction de serres familiales. « Comment vous l’expliquer... Le fait d’avoir une serre à la maison, ça génère une joie et une satisfaction énormes », déclare Lucía. Il est désormais possible de cultiver des légumes toute l’année, même sous les rigueurs de l’hiver. Des poulaillers avec des poules pondeuses et des poulets à viande ont également été construits dans la communauté, et de nouvelles cultures maraîchères comme la courge, les tomates et la laitue ont été introduites, accompagnées d’une formation pour apprendre à les cultiver. Des pratiques traditionnelles ont été récupérées à travers des cours de cuisine avec des produits autochtones et la promotion de la langue mapuzungun dans les écoles.

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(3) Vue sur la précordillère des Andes à l’aube depuis Paraje de Trompul. (4) Elsa Vera dans sa maison. (5) Vue d’ensemble de la serre de Belén Doralisa au cœur du paysage du territoire mapuche cayún. (6) Graines de petits pois. (7) Florentino Cayun et Albina Cayulef dans leur potager.  (8) Les neiges viennent sans faute en hiver, et il n’y a aucune période de l’année sans gel.

C’est ainsi que des activités visant à renforcer la souveraineté et la sécurité alimentaires de la communauté ont été organisées par le conseil de direction du lof Cayún, avec l’assistance technique de l’Institut national de technologie agricole (INTA) et de l’administration du parc national Lanín, l’appui du Forum international des Femmes autochtones (FIMI) et le soutien financier du Fonds international de développement agricole (FIDA) à travers son Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones (IPAF).

« Pourquoi ne pas cultiver nos propres aliments, si nous pouvons le faire de manière si naturelle, sans tous ces produits agrochimiques et autres choses qui nous rendent malades? »

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(9) On reconnaît maintenant l’importance de préserver les connaissances liées à l’agriculture, à la production et à la préparation des aliments à partir de l’identité territoriale mapuche wijiche.  (10) Saturnino Pacheco et Elsa Vera. (11) Graines de carotte. (12) Eluney Cayún et « Sapito ». (13) Moutons parmi les cerisiers gelés.  (14) Lucía Elba Alvarez nourrit les poules qui lui ont été données dans le cadre du projet pour la sécurité alimentaire.

« On nous a présenté de nouvelles semences », dit Lucía. « Peut-être aurais-je pu construire moi-même une serre avec mon petit salaire, mais tous les enseignements qui nous ont été offerts en plus ont été d’une grande utilité. »

Ces actions ont contribué à améliorer la diète locale et ont permis aux habitants non seulement de dépendre moins du marché, mais de pouvoir en plus vendre leur surplus. Lucia se souvient avec grande joie de la première fois qu’elle a vu sa voisine, une femme âgée, porter fièrement les produits qu’elle avait elle-même récoltés dans sa serre.

Le régime traditionnel mapuche est basé sur les produits agricoles cultivés dans la zone sud : blé, divers types de pommes de terre et de pois, fèves, ail, oignons, poivrons et maïs.

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(15) Cheval au lof Cayun. (16) Nelida Claudina Purran, l’une des participantes à la formation sur la sécurité alimentaire.  (17) Drapeau qui symbolise les éléments de la nature et les luttes du peuple Mapuche. (18) Chèvres dans l’enclos de la famille Cayún. (19) José Caticura tenant une chèvre nouveau-née. (20) Une poule court sur le sol gelé du lof Cayún.

En tant qu’infirmière, Lucia comprend bien l’importance d’une alimentation saine, consciente et variée sur l’ensemble de la communauté : en plus d’améliorer la santé des gens et de leurs enfants, le fait de cultiver des produits sur place renforce les liens communautaires à travers la coopération et l’apprentissage collectif. « Nous avons un terrain, alors pourquoi ne pas y aménager notre potager? Pourquoi ne pas avoir notre propre ferme? Pourquoi ne pas cultiver nos propres aliments, si nous pouvons le faire de manière si naturelle, sans tous ces produits agrochimiques et autres choses qui nous rendent malades? »

La zone de Piedra de Trompul, où le lof Cayún est arrivé pour fuir les violences de la Conquête du Désert, redevient aujourd’hui un nouveau type de refuge pour les jeunes qui reviennent dans leur communauté en raison de l’augmentation du coût de la vie dans les villes. « Dieu merci, nous avons des terres », dit Lucía.

Le peuple Mapuche administrait jadis un territoire de 64 millions d’hectares, touchant aux deux océans et couvrant une grande partie de l’actuel État argentin.

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Lof Cayún / Neuquén / Argentina